Toujours, je m’exprime avec ma rugueuse plume. Mais l’essentiel c’est le fond bien sûr. L’affaire d’Ikoni a atteint son apogée. Et nombreux, sont parmi nous qui accueillent le mirage devant leurs yeux. Toujours, pourquoi n’osons-nous pas considérer le problème avec sérieux ? Pourquoi préférons-nous vivre avec du faux-semblant ? Mais en réalité, qui sont concernés par une réconciliation, ceux qui sont blessés ou ceux qui s’entredéchirent avec formalité pour tirer profit du drame ? Moi, personnellement, n’étant pas capable de me mentir, je ne peux mentir à personne sur cette affaire. On pardonne qui ? Pourquoi faire appel au pardon dans un endroit où « ni moi ni l’autre » ne reconnaissons pas nos fautes ? Si tu me pardonnes, or je n’ai pas reconnu ce que je t’ai fait comme faute, n’est-ce pas peine perdue ?
Certes, comme le mot pardon est bien précieux chez celui qui a commis la faute, il est aussi lourd pour celui qui l’a subie malgré lui. A-t-il déjà existé « pardonner sans le vouloir » ? Pour une réconciliation, il faut une prise de conscience mutuelle. Si le fautif ne reconnait pas son tort, la victime, n’aura pas le cœur au pardon. En réalité qui pardonne ? N’est-ce pas chercher une solution là où il n’y a pas de problème ? Celui à qui on a brulé la maison, la voiture, détruit les biens est sans doute le seul à avoir droit de pardonner l’auteur de ces crimes. Cette même victime, est la seule personne pouvant traduire les commanditaires présumés en justice ou les pardonner après l’échec de la justice.
Ne vendons pas du sable aux Sahraouis du désert.
Pour qu’il y ait pardon, il faut un mea-culpa. Et qui a demandé pardon à qui ? Mais pourquoi tout le monde a raison, tout le monde veut balancer la faute à l’autre et tout le monde veut se gratifier une compétence d’arbitrage ? Mais pourquoi d’un coup tout le monde se prétend complaisant et neutre ? Mais pourquoi ceux qui ont payé les billets des trains dans le but d’aller faire part à des réunions de quartier, dans les différentes villes de France, se déroulant en tapinois se disent aujourd’hui ne faisant jamais partie d’une scission, alors qu’on les connait, en tout cas les cerveaux de ces assises ? Mais pourquoi veulent-ils toujours nous impressionner avec leurs bons discours d’apôtre de la paix ? Cessons nos mensonges !
Ca fait presque un an et demi, depuis que le méchant conflit a rendu en miette notre ville. Ca fait presque un an et demi depuis qu’on se ment les uns aux autres. Ca fait presque un an et demi depuis que des commanditaires se promènent, circulent à Ikoni et ailleurs avec leurs mains plein de sang. Nous tous au téléphone, dans nos petits secrets entre amis des différents quartiers, avions parlé d’un tel et d’un autre comme commanditaires, soient confirmés ou présumés. Nous tous avions embrassé les dires de l’opinion publique ikonienne. Mais pourquoi, aucun nom ne circule dans nos textes aujourd’hui alors que furtivement, on se dit qui a fait quoi ? Je le demande car dans quelques-uns de mes textes, j’ai cité quelques noms parmi ceux qui se promènent dans les bouches des ikoniens. Soit vrais ou faux commanditaires, mais c’est à nous de creuser.
Outre, des noms ont été cités lors de l’audience au tribunal de Moroni, et rien n’est avancé et aucune inculpation n’a été faite. Et tout a été zappé. Et de ça personne n’en parle. Oui tout le monde devient ange. Tout le monde veut la réconciliation. Et même les vrais membres des cellules de crises et qui sont membres composants d’un comité secret pour assurer les combats entre leur quartier et celui des autres, prêchent comme le Vatican en bon conciliant. C’est pour cela mes chers amis que même si la Paix s’invite volontairement à Ikoni ne sera qu’éphémère. Ca me fait rire quand j’accuse quelques interventions ici et là, qui révèlent réconciliation et dont les auteurs me sont connus de position, même s’ils font confiance en l’œuvre de la discrétion. Ironie du sort.
Si on suppose une paix, rien ne sera résolu
Mais en vérité, sans que pardon soit demandé, sans reconnaissance de la faute à autrui, avons-nous la garantie qu’après réconciliation, la justice de soi-même ne sera pas monnaie courante dans notre cité ? Surtout maintenant où des jeunes inculpés se trouvent à Ikoni depuis des mois et quelques, après évasion de la prison ? Et de cela, personne n’en parle. Une réconciliation échouée, alors. Personne ne peut se dire ne sachant pas que le conflit d’Ikoni a été géré futilement et malicieusement. N’est-ce pas pour cela que la Paix reste arrogante ? On a fait le mawlid ensemble. Or ce mawlid était sujet à beaucoup d’inquiétudes pour de nombreux ikoniens de tous bords… Bien.
Le ministre de l’intérieur de l’époque Ahamada Abdallah, le chef du service des renseignements généraux, le procureur de la république de l’époque, les chefs politiques, les notables n’ont rien fait d’efficace. Ikoni a souffert, Ikoni a pleuré, Ikoni avait perdu espoir. Et sans doute on ne sait à quel saint se voue-t-on. Regardons-nous très bien sans hypocrisie. Comment nous restons sans savoir que des enfants ikoniens, issus même de notre ville, sont la pièce à conviction de certaines politiques mal intentionnés afin de déstabiliser notre ville pour leurs fins personnelles ?
Certes, ce conflit ne doit pas être géré dans la neutralité. Cela me pousse de souligner que ceux qui qualifient leurs frères d’autre bord des séparatistes, doivent réfléchir un peu. On ne peut pas tenter de résoudre ce problème avec un ami d’autre quartier, en lui mentant qu’on n’a pas de quartier. Et comment peuvent-ils s’apporter les besoins de leurs quartiers, s’ils prétendent ne pas être de ceux-là ? Comment peuvent-ils se faire parvenir les doléances des autres sans qu’ils soient avec eux et qu’ils sachent à fond de quoi ont-ils besoin pour la paix ? Comment peut-on se faire contribution si on prétend ne pas être nulle part ? Non, la neutralité dans la bipolarité n’est qu’une mascarade et ça tue la franchise. C’est pour cela que certains n’inspirent pas de confiance aux autres.
Alors va-t-on croire X ou Y s’ils disent qu’ils sont neutres, connaissant leurs quartiers ? Et ceux des leurs vont-t-ils les accepter s’ils disent qu’ils sont avec eux ? Donc soyons réalistes. Que chaque camp se sente d’Ikoni, fait son œuvre à Ikoni comme il peut, donc la contribution à sa manière en attendant la Paix. Oui en attendant la Paix. Car sans reconnaitre la faute pas de pardon et sans pardon, pas de Paix. Dire que les « autres » sont un groupe de séparatistes, c’est un tort. Quartier et quartier, vont une ville. Nous sommes tous ikoniens. Donc toutes contributions pèsent dans Ikoni. Ceux qui aménagent Bishioni, ceux qui aménagent Parendraru, sont tous des ikoniens. J’assume mes propos qui prennent toujours la même ligne depuis que j’ai commencé à m’exprimer sur cette affaire.
Un séparatiste est né séparatiste et le reste à jamais.
J’illustre mes propos par mon environnement à moi. Moi qui ai grandi avec Séoud Cheick, Idriss Charif, Hassani fadhuli, Abdallah Hamada Djaé (yadza), Bihaïr, Youssouf Issihaka, Mmadi Youssouf, Daoud Bacar, Athoumani Youssouf, Tourki, Sitty Massoundi, Salmata Kassim, Daourina Radjab, Fatima Issmael… moi qui ai festoyé journellement avec Séoud chez lui comme chez moi. Moi qui ai dispensé des cours de soutien à mes petits frères et petites sœurs de mon quartier de croissance Mtsambuntsini, qui peut-être certains parmi eux vont témoigner. Nous tous qui avions partagé le même vala chez maman Chakila, précisément pvo Bangweni. Moi qui reste matin et soir avec les mères de mes amis plus précisément du quartier Bangweni, bien comme ma propre mère. Moi qui reste avec Abdillah Said, Chamouine Said, Soilah dine Younoussa, Mkolo, Abdillah Makélé, Haslèr, Nadjim, Moudjib, Soilhah, Farid Dez, Kaim et les autres. Moi qui côtoie à chaque levée du soleil mon grand frère Amdjad, Albinos, Bébé, Said Mdjassiri (Doudja) et les autres. Moi qui m’assois aux côtés de mes wazés tels que, feu, Massoundi Abdou hassani, Soulé Hamadi, Younoussa haboudou, Hassani Abdallah, Mdjomba Nouhou, Hamada Haboudou et les autres. Moi dont Mohamed Ali (Algérie) a éclairé l’enfance. Moi qui vais quotidiennement rendre visite à ma belle-mère Moinaecha Ali Mgomdri, la deuxième épouse de mon père. Moi qui suis allé au « magayani avec Adam Ali Mzé, Youssouf Mmadi, Abdati, Issihaka Mada et autres ». Comment peux-je me sentir autre ? Comment pourrai-je renier cet environnement qui a charmé mon enfance, ma jeunesse, mon parcours ? Si j’utilise mon cas comme exemple, c’est pour éviter la foudre. Et là on comprendra facilement de quoi je parle. Alors il faut oser me qualifier de tous les mots, mes chers frères et sœurs. « Et je défie n’importe quel auteur… »
Et pourquoi on nous a brisé cet élan ? Pourquoi on nous a gâché cette atmosphère si rayonnante ? Alors ne pas se manifester aucunement c’est de mentir. Nous pouvons réclamer cet élan brisé. Nous pouvons réviser les pactes qui nous avaient naturellement unis. Et cela ne peut en aucun cas se faire dans la neutralité. C’est choquant mais je le dis. A chacun son pressentiment à mes propos. Mais je trouve que plus on n’ose pas, plus l’affaire prend autre dimension et les méchants deviennent apôtres et les conciliants sont indexés de méchants.
Je finis mes lignes par dire ceci : « oui les problèmes d’Ikoni ne peuvent pas être résolus par d’autres que des ikoniens. Le passé nous a appris. Et même ces gens d’ailleurs sont ceux qui ont mis de l’huile sur le feu. Même si beaucoup d’entre nous font semblant de ne rien savoir.
SAID YASSINE Said Ahmed