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( 11 février, 2014 )

5. Bishioni, lieu témoin de l’histoire des Comores

A Ikoni, à chaque lieu son histoire. Il y a ceux dont nous avons connaissance et d’autres qui nous échappent, bien sûr, pour l’instant. Tous comme Lazare, où ceux qui étaient atteints par la varicelle, sont  ensevelis, en 1922, Bolaoya où les défenseurs de la cité sont morts au profit du fils et père au XIX è, Mbuu-dju ya shuma, la porte de sortie de la ville, Bishioni a son histoire très riche et très mouvementée. Il commence à façonner tous les enfants d’Ikoni. Plusieurs lieux et monuments témoins ou acteurs de l’histoire locale et nationale y sont présents même si quelques uns sont tombés en ruine. Le Palais de « Ha Idarusi ». Idarusi, un roi originaire d’Anjouan avec sa femme de Ngazidja, selon nos sages, siégea dans ce palais qui se trouve au quartier Bishioni. Plusieurs rois comme le petit fils de Trambwe, un certain Kaleheza y habitèrent aussi. Et en dernier hôte de prestige, c’est le roi Saïd Ali ben Said Omar qui l’occupa. Ni plus ni moins que le dernier Sultan de Ngazidja.

Bishioni voyait la naissance de la première mosquée de vendredi, dernièrement connue par Msihiri wa wanamdji. Et, la deuxième mosquée de vendredi, actuellement Msihiri wa Ntibet, elle-même construite par le Tibet Mlanao wa Aziri wa Ilamisiru, dont la résidence fut au Bishioni. C’est à ce lieu même où est bâti la nouvelle mosquée de vendredi de la ville d’Ikoni. Toutes en parallèle avec le paya la Matso, où se prirent les décisions lors des grandes guerres entre le Bambao et les autres régions. Cet endroit est bien protégé par le quartier Mbanga-hari, anciennement appelé « Mpanga-hari ». Cette appellation vient de la famille Inya-banda, qui fut en majorité dans ce quartier. Une famille qui assurait la fabrication de « Mpanga, fumu… », Des armes dont les guerriers d’Ikoni et de Bambao disposèrent. C’est après avoir abandonné les armes en « Inazi ». Latéralement, il y a la mosquée de Mvudja-gawa. Gawa qui signifie wamanga. C’est là où les wamanga de l’époque firent leurs prières. Il y a ensuite, la mosquée de Fowmi où les dignitaires firent leurs prières, connue aujourd’hui sous le nom de Msihiri wa fundi salimu.

Juste au Nord du lac Bishioni, se trouva le grand marché appelé, Shindwa nguu-ntsini et autres activités. Le plus vivant, le plus présent c’est le palais Kapviridjewe, où nombreux rois y régnèrent séculairement. De siècles en siècles, voici quelques uns des rois de la lignée Inya Matsa Pirusa qui siégèrent au palais Kapviri-djewe, site symbolique de Bishioni. Ils s’agirent de Djumbe Mambwe wa nguu, de Nyau wa Ntibet, de Ntibet Mlanau, de Fe-uziwa, de Trambavu, de Sujawma Inkwaba, de Nyao wa mfaume, de sultan Ahmed Mwinyi mkuu, de Mmadi bin sultan, d’Abdallah Said Hamza.etc. Jusqu’au dernier sultan Said Ali bin Said Omar. Passons.

D’où vient le nom de Bishioni ?

Il fut une fois. Mlanao wa Aziri Ilamisiru, eut l’intension d’annexer le Hambu, pays dont son père est originaire. Lui même Mlanao, d’inya mba mdro du coté de son père. Donc, il promit aux guerriers de Bambao, qu’une prendre possession de Hambu il les récompenserait un à un. Par conséquent, il faut qu’ils fassent preuve d’efficacité. Ce fut bien au milieu du XVIIIe siècle. Ensuite, après la victoire, Mlanao n’a pas respecté sa parole. Et ces guerriers voulurent agir mais sans indiscipline ni diffamation au roi. Donc ils eurent recours à un poète très éloquent et intelligent pour interpeler le roi. Les guerriers, les troubadours, les gens de la cours organisèrent un Sambi. Le sambi fut la musique avec laquelle on célébrait une victoire. Et donc là, Mlanao, sortit de  son Palais Kapviridjewe, pour assister à la fête. C’est dans le lac, piscine naturelle, une fois que la marrée fut basse, que le Sambi se déroula. « Ubiha Ngoma. Donc, Ndopvo « Bishiyoni ». Le tam-tam retentit, avec la chanson du poète, selon laquelle :

- Sinde ra hora le kalikali la nyuma dzaha

- Ra hora le vuli mdruni la Singani

- Bahi mgu ye djanyiliya ri reme reheleya manda djuu

- Yamba yzo wa hamba bo Kori

- Ba nkuoni yla yka nanga za Mitsudje

- Yfu shuma wa Bambao wa Yrenge

- Niyo kwadja Yrenga dja nkoboha

- Sha wa yrenge na nkaya za mwazi.

Depuis, cette date là, une fois qu’on remporte une guerre, les hamadis d’Ikoni, ensemble avec les troubadours, célèbrent la victoire, à la place, « Bishioni ». Des générations et des générations, le lac servait de terrain de foot avant la naissance du stade Zinkubini. Son eau est bénite, donc féticheuse à tous les enfants de la cité.

Bishioni, lieu des martyres

Et autre point important, comme ce lieu n’a rien d’inaperçu, le 18 Mars 1978, onze martyres s y sont inscrits. En 1799, Ikoni a été attaquée par les malgaches, sous la conduite de Mbeshezi kumanda. Ce fut pendant que Sudjawma Inkwaba siégea à Kapviri-djewe. Après la capture de quelques femmes ikoniennes par les pirates malgaches, certaines ont choisi la mort à la déportation… Elles préférèrent se jeter sur les nandi de Nguntsini, depuis le long de la falaise du Mont-Djabal. El là, c’est au Bishioni qu’elles atterrirent inertes. Elles s y décomposèrent « Oyé, oyé, oyé. Ya allah lâilâha-illadhâhu, ndo kalima laheya». Dirent-elles. Des cris de femmes martyres, des femmes généreuses, des femmes braves, des femmes fières d’elles même. Dans l’air s’écrit leur mort avant d’être avalées par les vagues et les mapvasi de Ngu-Ntsini, avant d’atterrir sur les eaux qui lèchent les pieds de la falaise du mont-Djabal et de Bwekuni. Même si beaucoup sont mortes, mais quelques captures ont été produites. Les Ikoniens, sont tués, déportés et exterminés par les malgaches. Leurs biens furent confisqués. Le Ntibet Sudjauma-yinkwaba se réfugia au palais Bunarithi, sur le Mont-djabal et fut assassiné à son tour par les pirates malgaches.

Alors, si des enfants natifs d’Ikoni, descendants de Maharaya mbi, comme Mna buna, Fumma wa saydu, Hamada Habakari, Djumbe Fumu, Bwana haziri, Mbaliya mna budugali, Mbaye wa Assoumani et autres. Descendants des femmes martyres, comme koko wa Ta-aniss, Sindza hamu, Mari shando et toutes les autres, tiennent à conserver les traces, en rénovant le lieu symbolique de la ville d’Ikoni-Bishioni, cela doit être notre fierté à tous. Bishioni qui a marqué la grande histoire de notre ville, ne doit pas être rangé dans l’inexistence. Merci, jeunes actifs pour la rénovation de notre lieu-nez de la ville d’Ikoni. Ikoni qui se réveille tôt et qui dort trop tard.

SAID YASSINE Said Ahmed

 

 

 

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